Roll20 est une table de jeu virtuelle très accessible. Il suffit de se créer un compte et on peut jouer/mener une partie de jeu de rôle en ligne en quelques minutes. Malheureusement ses options, même payantes, sont limitées. Dans cet article, je vais tenter d’expliquer ce qui a fait que, après avoir reçu une licence FoundryVTT en cadeau, je ne reviendrai pas sur Roll20.
À noter : j’ai utilisé FoundryVTT avec Donjons et Dragons 5ème édition. Mon avis sera principalement autour de cette expérience, n’ayant pas encore testé l’application avec d’autres jeux de rôles.
Une application à installer pour le•a DM #
La première vraie différence entre les deux tables virtuelles, c’est que FoundryVTT doit s’installer. L’application est compatible avec les principaux systèmes d’exploitation (Windows, Mac et Linux) et l’installation se fait rapidement une fois la licence achetée (je reviendrais sur ce point plus tard).
L’avantage principal à ça, c’est que, côté DM, l’application va pouvoir mieux fonctionner que si elle l’était dans un navigateur, ne serait-ce qu’en termes de gestion de la mémoire et des performances.
Mais cela signifie aussi que la préparation d’un scénario ou d’une campagne peut se faire hors-ligne.
Pour les joueur•euse•s, c’est transparent #
De l’autre côté de la table, tout comme pour Roll20, il suffit, pour les joueuses et joueurs, d’avoir un navigateur internet pour se connecter à la partie et jouer. Et c’est tout.
Pas d’inscription, pas de compte, pas de publicité, ni d’abonnement à payer.
Le•a DM crée les comptes d’accès et les envoie aux personnes concernées. Une fois connectées, elles ont accès à la table virtuelle, comme sur Roll20.
Tout se fait en local #
Sur FoundryVTT, tout est directement sur l’ordinateur du•de la DM, il n’y a pas besoin d’envoyer les images sur un serveur. Tout est envoyé aux personnes connectées quand elles en ont besoin (quand ça doit être affiché ou entendu). Ça évite, par exemple, de devoir re-uploader une carte modifiée plusieurs fois lors d’une préparation.
Petit bémol, surtout si vous préparez une longue campagne, il est conseillé d’avoir une bonne méthode de rangement des différents assets parce que ça peut vite être le bazar.
Point négatif : il vaut mieux avoir une bonne connexion, mais j’en parlerai en détails plus bas.
Une expérience plus immersive #
Même si ce point est subjectif, il est partagé avec l’ensemble des personnes de mon entourage qui ont testé Roll20 et FoundryVTT.
L’interface est plus jolie et fait plus penser à un jeu vidéo qu’à un jeu de rôle sorti des années 80 (avec tout le respect que je lui dois). Les fiches de personnages sont mieux agencées pour trouver les informations importantes rapidement, et tout est harmonieux.
En plus des fiches de personnages, on peut créer des scènes, comme dans Roll20, mais beaucoup plus immersives. Entre les effets de lumière, les zones de sons et les effets de temps (pluie, neige, etc), les scènes semblent plus réalistes et sont plus interactives. La gestion des murs, des portes et autres obstacles est vraiment simple et permet ensuite d’avoir des personnages avec chacun « leur vision ».
D’ailleurs, certains modules, entièrement gratuits, contiennent des scènes prêtes à l’emploi avec murs, effets de sons et lumières.
Une automatisation aux petits oignons #
Pour cette partie, je vais me concentrer sur mon expérience avec D&D 5e. Je n’ai pas (encore) testé les autres systèmes de jeu, mais il est probable, vu la communauté, qu’on y trouve la même chose.
J’utilise deux automatismes principaux qui fluidifient énormément le jeu :
- Le calcul lors des combats
- Les PNJs de marchands
Pour les combats, une fois certains modifiés activés, un•e joueur•euse a simplement à cliquer sur l’arme avec laquelle attaquer ou le sort qu’il•elle veut lancer… et tout se fait automatiquement :
- Le jet d’attaque
- La comparaison entre le résultat et la classe d’armure de l’adversaire ou les jets de sauvegarde
- Le jet de dégâts (le cas échéant)
- La mise à jour des Points de Vie de la créature, en cas de dégâts
Plus besoin de faire plein de calculs, d’essayer de ne pas oublier telle ou telle caractéristique, tout est pris en compte. Et c’est un plaisir autant pour la personne qui joue, que pour celle qui mène.
Pour les trésors et les marchands, il est possible grâce à un module, de créer des fiches et que les joueuses et joueurs puissent y accéder ensuite dès que le PNJ (ou le coffre) est devant eux. Ils peuvent ensuite faire leurs achats, ou récupérer le butin, sans avoir à demander quoique ce soit. Je trouve que c’est vraiment pratique et ça évite les moments comme « Ah oui je voulais/t’avais dit que j’aurai aimé… acheter des potions de soins ». Si le marchand est là, tu fais tes emplettes, et pas d’erreur possible.
Une bonne organisation #
Que ça soit pour la personne qui mène, ou pour celle qui joue, FoundryVTT propose différents onglets qui séparent les documents par types :
- Scènes
- Fiches de personnages
- Documents
- Compendium de la partie (oui, il est possible de créer vos propres objets, sorts, etc.)
- Tables aléatoires
- Audio
- Compendiums des modules
Une fois intégrée, cette organisation fluidifie le jeu et on ne se retrouve pas à chercher une fiche de personnage au milieu des handouts qui regroupent l’intégralité des documents (comme dans Roll20).
Bien sûr, dans chaque onglet, on peut ajouter (et c’est conseillé) des dossiers (et sous-dossiers sur plusieurs niveaux) pour tout ranger.
Autre avantage : la visibilité. Pour chaque document, en tant que DM, on va pouvoir choisir le degré d’affichage :
- Aucun - le document est caché
- Limité - affiche seulement les informations principales
- Observateur - affiche toutes les infos, mais en lecture seule
- Propriétaire - affiche toutes les infos et elles peuvent être modifiées
Le tout, en fonction de la personne qui joue… ou du groupe auquel elle appartient. Parce que, info bonus : on peut jouer à plusieurs DM (et assistant•e•s DM) sur une seule et même partie.
Autre point intéressant : en plus du tchat, on trouve un « Combat Tracker » qui permet de gérer plus facilement un combat. Un peu comme sur Roll20, mais avec pas mal d’options en plus.
Une communauté accessible #
Lorsqu’on utilise une table virtuelle, il est vital d’avoir des ressources et de l’aide externe. Avec FoundryVTT, entre les serveurs Discord, en anglais et en français, les stream Twitch et les vidéos YouTube de présentation et de tutoriels, il y a largement de quoi faire.
Une tonne de modules gratuits #
Si je ne devais garder qu’un seul avantage à FoundryVTT, ça serait celui-là : il existe énormément de modules gratuits et Open-Source. Et qui dit Open-Source dit qu’ils sont accessibles et qu’ils évoluent avec la communauté.
En tant que développeur, je trouve ça top d’avoir des modules sur GitHub ou GitLab et de pouvoir contribuer.
J’ai d’ailleurs prévu de publier un article sur les différents modules que j’utilise pour ma campagne D&D 5e, dès que j’aurai refait un tour pour bien valider la liste.
Et en français ! #
Si l’application est, de base, en anglais, il existe quelques modules qui permettent la traduction. Cela permet ensuite d’avoir des interfaces, mais aussi des fiches de personnages, d’objets et de sorts… entièrement* en français.
* Je met un bémol sur le “entièrement en français” parce que ça n’est pas vraiment le cas au moment où l’écris ces lignes… Mais la grande majorité des interfaces est déjà traduite et les autres viendront dans les prochains mois je pense.
Personnellement, je trouve ça vraiment top d’avoir une table de jeu virtuelle qui supporte d’autres langues que l’anglais, même si de plus en plus de joueur•euse•s le comprennent.
Pas d’abonnement mensuel #
Le dernier avantage de FoundryVTT, c’est qu’il n’y a pas d’abonnement mensuel. Certes, l’application est payante de base (environ 50€), mais ensuite, il n’y a plus rien à payer. Toutes les mises à jour sont gratuites.
Il n’y a pas de version gratuite ou d’essai, mais il y a une « web demo » et une politique de remboursement de 30 jours (ce qui paraît largement suffisant pour tester le soft).
Donc si vous menez des parties de manière régulière, c’est clairement un bon investissement, comparé à Roll20 par exemple.
Quelques bémols cependant #
Avant de terminer cet article, je souhaitais aborder quelques inconvénients de cette table virtuelle.
Un hébergement local nécessite une bonne connexion #
Le premier point, c’est qu’il faut, en tant que meneur•euse, avoir une bonne connexion. Comme le principe de FoundryVTT, c’est que les joueuses et joueurs se connectent sur votre ordinateur, c’est quand même mieux. Après, pour pallier à ça, il existe des moyens de le mettre en ligne (avec TheForge ou Amazon Web Services), mais ça demandera à minima quelques euros en plus par mois. Et il faut noter aussi que, dans le cas où vous n’utiliseriez pas une solution tierce, que votre monde ne sera accessible aux autres que quand vous aurez lancé l’application. Ça a ses avantages et ses inconvénients, comme le fait que les joueuses et joueurs ne puissent pas se connecter pour voir la carte en cours et élaborer des stratégies… mais ils•elles ne pourront pas non plus voir leurs fiches de persos.
Dernier détail de ce point : il est conseillé d’avoir un nom de domaine pour le faire pointer sur votre ordinateur et éviter que les personnes qui doivent se connecter à la partie n’aient besoin de connaître votre adresse IP. Ça permet aussi, dans le cas où votre adresse IP change, d’avoir à la redonner à chaque partie.
Une application en bêta développée par une personne #
FoundryVTT est une application encore en bêta. Ça ne veut pas forcément dire qu’elle contient beaucoup de bugs, mais ça signifie qu’elle n’est pas non plus exempte de bugs. Personnellement, je n’en ai pas constaté… ou alors ils étaient mineurs. Mais il faut quand même faire attention aux mises à jour et vérifier qu’elles ne vont pas « casser votre partie ». C’est valable pour l’application en elle-même, comme pour les modules.
L’autre bémol, c’est qu’à ma connaissance, FoundryVTT n’est développée que par une seule personne. Et même si le code est Open-Source et pourra être repris par la communauté, j’aurai préféré que ça soit fait par une équipe. Mais bon, si le projet grossit, il n’est pas impossible que Foundry Gaming LLC recrute.
Une table virtuelle « dev-friendly » #
Dernier point et pas des moindres : FoundryVTT reste « developer-friendly », c’est-à-dire qu’elle est, pour l’instant, plus accessible aux personnes faisant du développement informatique qu’aux autres. Entre les modules disponibles sur GitHub/GitLab, l’hébergement local et les macros en pur JavaScript, c’est quand même plus simple quand on a des connaissances en développement web.
Je ne dis pas qu’un•e néophyte n’y arrivera pas. Je pense que plein de gens sont dans ce cas-là et y arrivent très bien. Je dis juste que cet aspect peut rebuter certaines personnes.
Conclusion #
Malgré ces quelques inconvénients, FoundryVTT est, pour moi, la table virtuelle qui correspond le mieux à mes besoins aujourd’hui.
Cet article touche à sa fin. Je vous remercie de l’avoir lu en entier et j’espère qu’il vous donnera envie de regarder les possibilités de jeu sur FoundryVTT parce que ça en vaut vraiment le coup !